Articles

Lettre ouverte : Journée internationale pour la justice sociale

Lettre ouverte du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale à l’occasion de la Journée internationale pour la justice sociale le 20 février 2022

40 ans de négligence… et on s’étonne de l’urgence?

L’heure est au bilan à l’occasion de la Journée internationale pour la Justice sociale qui aura lieu dimanche. Force est de constater que l’écart entre les riches et les personnes appauvries se creuse et atteint des proportions indécentes. Les personnes racisées, les femmes et les personnes ayant des problèmes de santé physique ou mentale sont touchées de plein fouet. Le filet social ne parvient plus à toutes les retenir, ni à fournir les services de base nécessaires à l’ensemble de la population. Il est troué de partout. Il devient urgent de le réparer !

Depuis deux ans, de nombreux problèmes – qui ne datent pas d’hier! – sont devenus critiques, que ce soit le manque de places en garderie, la difficulté à se trouver un logement abordable, la pénurie de main d’œuvre, l’essoufflement du système de santé, le manque de ressources des groupes d’action communautaires ou encore celui du milieu scolaire. La crise de la COVID-19 n’est que le révélateur d’une problématique beaucoup plus grave: l’effritement volontaire des services publics depuis les 40 dernières années.

En effet, les gouvernements successifs des dernières décennies ont saboté le filet social. Ce même filet social, qui empêchait les personnes ayant des « embûches de vie » de sombrer dans la pauvreté (p.ex une mère qui devient cheffe de famille monoparentale après une séparation, une personne victime d’un accident qui ne peut plus travailler, etc.), n’a pas été comblé par les « richesses » créées, qui sont restées dans les poches des plus riches.

Les gouvernements ont diminué les impôts des plus riches et des entreprises, se privant ainsi de millions de dollars à investir dans les services publics. Ils ont coupé dans les services en santé et en éducation (éducation spécialisée, psychologie, orthophonie, physiothérapie, etc.) au nom de la dette et au profit du privé, sans jamais mettre en place des mesures concrètes pour colmater les fuites de capital dans les paradis fiscaux. Puis, le sabotage a continué avec l’investissement massif vers les métiers traditionnellement masculins (construction, ressources naturelles, etc) au détriment des métiers traditionnellement féminins (infirmière, enseignante, éducatrice, etc.). En dévalorisant ces métiers de soin, cela a sans aucun doute contribué à affaiblir le filet social. Aujourd’hui, la population ne peut accéder à des services sans passer par des interminables listes d’attente et alors que les taux d’inflation atteignent des sommets jamais égalés et semblent ne pas vouloir s’essouffler, plusieurs personnes se retrouvent pris à la gorge et passent dans les mailles du filet.

Les inégalités sociales et l’effritement des services publics, parapublics et communautaires ne sont pas des fatalités. Nous avons le pouvoir de nous mobiliser et d’exiger d’autres choix politiques, de prioriser le bien commun à l’accroissement des richesses de quelques-uns! À l’aube d’une crise environnementale qui aura de nombreuses conséquences sur nous tous-tes, c’est à nous de décider et de nous mobiliser pour la justice sociale.

Marie-Ève Fortier, RÉPAC 03-12

Judy Coulombe, Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale

Lettre au ministre des Finances

Mise en contexte

C’est en tant que membre de la Coalition Main rouge que le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec a répondu à l’appel et a envoyé une lettre au ministre des Finances, Éric Girard, en vue du prochain budget 2022. Vous pouvez consultez la lettre en PDF ici ou la lire dans les lignes suivantes.

Lettre envoyée

Longueuil, 25 janvier 2022

À : M. Éric Girard, ministre des Finances

Courriel : ministre@finances.gouv.qc.ca

OBJET : Pour un Québec résilient : instaurer une fiscalité plus progressive pour lutter contre les inégalités sociales

Monsieur le ministre,

Alors que vous lancez les consultations prébudgétaires sous le thème «Un Québec résilient et orienté vers l’avenir» , au sortir d’une crise qui a révélé les failles béantes de notre filet de sécurité sociale et de nos services publics, nous vous écrivons pour vous faire part de notre désir que le Québec se donne les moyens de réinvestir durablement dès votre prochain budget. Bien que certains investissements ponctuels aient été annoncés récemment dans certains services publics, le filet social québécois demeure insuffisant et les inégalités sociales qui persistent sont inacceptables pour une société aussi riche que la nôtre. Services centralisés, privatisés, tarifés, femmes larguées par la complexité du réseau et surtout confrontées aux violences commises par les institutions de la santé. L’ensemble des 17 Tables régionales de groupes de femmes et le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec ont justement alerté le Premier ministre à ces entraves au droit à la santé. Le gouvernement doit s’y attaquer pour que toutes les femmes aient rapidement un réel accès à des services sociaux et de santé publics, gratuits, universels et de qualité sur l’ensemble du territoire.

Par la présente, le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec vous demande de faire preuve de plus d’ambition dans votre budget 2022 afin de permettre à nos collectivités d’être plus résilientes face aux prochaines crises, notamment climatique, en misant sans ambiguïté sur l’élargissement et le renforcement des services publics et des programmes sociaux, et en permettant aux organismes d’action communautaires autonomes de répondre pleinement à la mission confiées par les communautés. Nous avons les moyens d’y arriver, tout en amorçant une nécessaire transition écologique, en faisant preuve de plus d’audace sur le plan fiscal.

20 mesures concrètes pour mieux partager la richesse

Nous n’avons pas besoin de créer plus de richesse avant de mieux la redistribuer : la Coalition main rouge identifie, dans le document donc nous vous joignons un résumé, 20 mesures fiscales pouvant atteindre 14 milliards $ par année.

Par exemple, simplement en imposant faiblement (entre 0,5 % et 1 %) le patrimoine du 1 % les plus riches, le Québec pourrait aller chercher jusqu’à 4 milliards $ en argent neuf; établir un système à 9 paliers d’imposition rapporterait 2,5 G$, rétablir la taxe sur le capital des institutions financières ajouterait 862 M$ dans les coffres de l’État et réduire le crédit d’impôt sur les dividendes permettrait une économie de 260 M$.

Bref, des solutions existent pour réduire les inégalités sociales qui s’accroissent, tout en renforçant de manière durable notre filet social

En vous remerciant de porter au dossier de la fiscalité toute l’attention qu’il mérite, Recevez, monsieur le ministre, nos salutations.

Marie-Andrée Gauthier, Coordonnatrice générale RTRGFQ

 

C. c :
Nicole Ménard, Députée de Laporte, Nicole.Menard.LAPO@assnat.qc.ca

Monsef Derraji, Porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, Monsef.Derraji.NELL@assnat.qc.ca

Ruba Ghazal, Porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de fiscalité, Ruba.Ghazal.MERC@assnat.qc.ca

Martin Ouellet, Porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de finances, Martin.Ouellet.RELE@assnat.qc.ca

Coalition Main rouge, info@nonauxhausses.org