Articles

Communiqué : dévoilement de trois bandes dessinées pour le droit des femmes à la santé

Communiqué de presse

Pour diffusion immédiate

Les barrières d’accès en santé en images et en mots

 

Saint-Lambert, le 24 mai 2022 – À quelques jours du 28 mai, Journée internationale d’action pour la santé des femmes, le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec  (RTRGFQ) annonce le dévoilement de trois bandes dessinées réalisées dans le cadre de sa campagne d’alerte sur les entraves au droit des femmes à la santé. Elles seront dévoilées les 25, 26 et 27 mai sur le réseau social Facebook et mettront la lumière sur les barrières d’accès aux services sociaux et de santé qui minent le droit à la santé au Québec.

Dans une posture d’éducation populaire, le RTRGFQ a collaboré avec l’illustratrice Naj Hadi afin de mettre en images et en mots les parcours de Chandra, de Joséphine et de Judith, trois personnages aux horizons différents. Leurs chemins remplis d’embûches pour accéder à des soins de qualité font écho aux expériences similaires des femmes dans les dix-sept régions du Québec.

Les obstacles observés par les Tables régionales de groupes de femmes sont nombreux : services centralisés dans les centres urbains; services privatisés et tarifés aux femmes en situation de vulnérabilité; services inadaptés aux réalités diverses et multiples des femmes; longs délais d’attente et services réduits, interrompus ou manquants en raison d’une insuffisance de ressources humaines et financières; attitudes teintées de préjugés envers les femmes et particulièrement envers celles vivant à la croisée des oppressions.

« Ces multiples défis d’accessibilité du système public de santé touchent tous les pans de la population québécoise. Toutefois, les barrières affectent plus durement les femmes puisqu’elles sont à la fois les principales utilisatrices du réseau en plus d’être souvent celles qui prennent soin et font le lien entre leur famille et les services sociaux et de santé », explique Karine Drolet, secrétaire-trésorière du RTRGFQ.

Par ailleurs, pour plusieurs d’entre elles, notamment les femmes autochtones, racisées, immigrantes, aînées, lesbiennes, de la diversité sexuelle, vivant en zone rurale, avec un handicap ou dans la pauvreté, les obstacles se croisent et se cumulent. Cela entraîne des conséquences importantes sur leur santé physique et mentale de même que dans toutes les sphères de leur vie, qu’on pense au travail, aux études, à la famille, à l’implication citoyenne ou aux loisirs.

Le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec est préoccupé par l’avenir du réseau de la santé actuellement fissuré de toute part. La culture axée sur la performance, la surcharge des travailleuses du système de la santé et des services sociaux, le manque de volonté politique en ce qui a trait à la sécurisation culturelle des personnes autochtones, la détermination à restreindre l’offre de services sociaux et de santé aux personnes qui ne maîtrisent pas le français, de même que le délestage vers le privé et le milieu communautaire doivent cesser.

Nous demandons un réinvestissement massif dans le réseau public de la santé et des services sociaux et une réorganisation majeure. Des changements visant la qualité, la fluidité et la complémentarité des services offerts sont nécessaires pour favoriser le rétablissement des personnes et pour assurer le maintien et l’amélioration de ce système en fonction des principes de gestion publique, de gratuité, d’intégralité, d’universalité et d’accessibilité tels qu’énoncés dans la Loi canadienne sur la santé.

Audrey Gosselin Pellerin, organisatrice féministe politique au RTRGFQ, est sans équivoque : « Tout comme les personnages de Chandra, de Joséphine et de Judith, les Tables régionales de groupes de femmes sont réunies par leur soif de justice sociale et leur volonté de défendre le droit à la santé au Québec. Il importe que toutes les femmes aient rapidement un réel accès à des services sociaux et de santé publics, gratuits, universels et de qualité sur l’ensemble du territoire! »

-30-

 

Pour information et demandes d’entrevues

Audrey Gosselin Pellerin, Organisatrice féministe politique

Cell. : 581.989.5913 audrey.gp@reseautablesfemmes.qc.ca

 

Pour consulter ou télécharger le communiqué : format PDF ou format Word.

Découvrez les bandes dessinées dévoilées ici :

Le 25 mai 2022 – Chandra

Téléchargez :

La bande dessinée en images

Le texte de la bande dessinée format PDF

Le texte de la bande dessinée format Word

Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

Le 26 mai 2022 – Joséphine

Téléchargez :

La bande dessinée en images

Le texte de la bande dessinée format PDF

Le texte de la bande dessinée format Word

Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

Le 27 mai 2022 – Judith

Téléchargez :

La bande dessinée en images

Le texte de la bande dessinée format PDF

Le texte de la bande dessinée format Word

Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

Téléchargez la bande dessinée complète :

Format PDF

 

Lettre ouverte du RGF-CN en réaction à l’annonce de l’arrêt Roe v. Wade au États-Unis

L’avortement est un droit et doit le rester!

La menace au droit à l’avortement qui plane aux États-Unis ces jours-ci ne nous surprend pas, pourtant elle doit vivement et collectivement nous alarmer. Si la Cour suprême américaine venait à invalider l’arrêt « Roe versus Wade » en juin prochain, texte qui constitue le fondement du droit à l’avortement américain, il s’agirait d’un retour en arrière de 50 ans ! Chaque État pourra alors choisir sa propre législation et ce sont 26 États conservateurs qui sont prêts à interdire complétement l’avortement.

Les groupes de femmes, particulièrement les groupes libre choix de partout dans le monde, ne sont pas surpris, travaillant d’arrache-pied depuis des décennies à contrer l’influence des groupes anti-choix et de la droite conservatrice.

Elle ne nous surprend pas mais nous affecte grandement, car la précarité face au droit et à l’accès à l’avortement existe ici aussi. Tous les jours, les groupes anti-choix raffinent leurs stratégies de lobbying et leur fonctionnement pour accroître leur influence. Plus de trente ans après la décriminalisation de l’avortement, cette question a refait surface lors de la dernière campagne électorale fédérale. En mai 2021, le parti conservateur canadien présentait un projet de loi visant à limiter l’accès à l’avortement, son 7e depuis 2007.

Au Québec, on peut penser à la campagne « Ta raison c’est la bonne https://www.taraison.ca/ », première campagne d’information au droit à l’avortement au Québec ; aux nombreuses actions organisées en réponse au mouvement anti-choix ; à l’accompagnement quotidien des femmes, des personnes trans et non-binaires dans un choix libre et éclairé concernant leur santé sexuelle et reproductive.

Pourtant, l’avortement fait partie de la vie de tous et toutes. Au Québec, 1 femme sur 3 aura recours à l’avortement au cours de sa vie. Et au Canada, 1 naissance sur 4 est due à un échec de contraception ! Personne n’est à l’abri d’une grossesse imprévue, mais toutes devraient avoir le choix de la poursuivre ou non.

Tout recul dans le droit à l’avortement constitue non seulement une atteinte aux droits fondamentaux des femmes, des personnes trans et non-binaires, mais également une menace à la santé publique. Rappelons que malgré les lois interdisant les interruptions de grossesse, les avortements continuent. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 300 000 femmes meurent chaque année de complications liées à la grossesse et à l’accouchement, notamment en raison d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité.

Une question de droit… et d’accès !

Bien que l’avortement soit légal au Canada, il faut rappeler que sa légalité ne constitue pas de facto un accès réel. Plusieurs obstacles limitent le droit à l’avortement au Canada : les inégalités d’accès selon le lieu de résidence, les délais d’attente, les lois restrictives de certaines provinces, l’objection de conscience du personnel médical, le statut migratoire ou la difficulté d’accès à la pilule abortive. Par exemple, dans la grande région de la Capitale-Nationale, il existe une seule clinique pour desservir toute la population, limitant l’accès des femmes vivant à distance de la ville de Québec et pouvant augmenter les délais d’attente.

Le droit des femmes de contrôler leur corps et leur maternité est fondamental. Aucun recul à cet égard ne peut être toléré, ici ou ailleurs. Tout doit être mis en œuvre pour améliorer les services actuels et faciliter l’accès à l’avortement libre, sécuritaire et gratuit pour toutes les personnes qui doivent y avoir recours, incluant celles qui ne sont pas couvertes par l’assurance-maladie publique, et ce, en respectant le choix de la méthode.

L’avortement est un droit et doit le rester. Nous ne pouvons pas risquer de prendre ce droit pour acquis.

Mélanie Leblanc et Élise Landriault-Dupont, co-coordonnatrices au Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN)

Sylvie Pedneault, directrice générale de S.O.S Grossesse

 – 30 –

Revue de presse

Le Soleil

Le Journal de Québec

Presse-toi à gauche!

Entrevues générées par la publication de la lettre ouverte

Journal de Montréal

QUB radio avec Sophie Durocher – épisode du 5 mai à partir de 2 minutes 30 secondes

LCN en direct le matin – épisode du 5 mai

Lettre ouverte au Premier ministre pour le droit des femmes à la santé

Monsieur Legault, le droit des femmes à la santé est en jeu

Linda Crevier, présidente du Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec (RTRGFQ)

La pandémie, et particulièrement Omicron, a poussé à son extrême un système de santé que l’on savait fragile depuis des années. Face à un réseau fissuré de toute part, un examen en profondeur s’impose. Force est de constater qu’il faudra rebâtir notre système différemment. Pour ce faire, les obstacles à l’accessibilité des services sociaux et de santé qui sont longtemps restés dans l’angle mort et qui touchent particulièrement les femmes devront être pris au sérieux par le gouvernement de François Legault.

Services centralisés, privatisés, tarifés, femmes larguées par la complexité du réseau et surtout confrontées aux violences commises par les institutions de la santé. L’ensemble des 17 Tables régionales de groupes de femmes et le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec prennent aujourd’hui le crayon pour alerter le Premier ministre à ces entraves au droit à la santé. Le gouvernement doit s’y attaquer pour que toutes les femmes aient rapidement un réel accès à des services sociaux et de santé publics, gratuits, universels et de qualité sur l’ensemble du territoire.

Des souffrances alimentées par les institutions

Dans les 17 régions du Québec, les groupes de femmes nous rapportent des cas montrant que le réseau de la santé arrive difficilement à prendre en compte l’aspect multidimensionnel des femmes. Par exemple, au sein d’une ressource en santé mentale, une femme rapporte la violence vécue dans un contexte conjugal. Celle-ci se fait blâmer et répondre que son trouble de santé pourrait être la cause de cette violence. Elle est réduite à une seule chose : son état mental. Il en est de même pour une femme confrontée à la grossophobie au sein du réseau. Ses enjeux de santé sont le plus souvent réduits à son poids. Une autre femme voit sa situation médicale banalisée en raison d’un préjugé quant à la plus grande tolérance des femmes noires à la douleur. Cela entraîne des délais dans son diagnostic.

Ces attitudes bien réelles causent des souffrances physiques et psychologiques aux femmes qui les subissent et affectent leur accès à des soins de qualité. L’an dernier, la mort de Joyce Echaquan a mis un visage sur cette forme de violence pernicieuse commise dans ou par une institution. Cette violence institutionnelle met particulièrement en danger la santé et la vie des femmes autochtones, dont plusieurs vivent en situation de vulnérabilité sociale, et de nombreuses autres femmes vivant à la croisée des oppressions.

Les services inadaptés voire refusés à certaines femmes sont un autre exemple de cette violence qui engendre leur exclusion du système de santé et de services sociaux. Des femmes ne peuvent bénéficier de services, telle une mammographie, parce que les équipements ne sont pas adaptés à leur situation de handicap. D’autres se voient refuser l’accès à l’adoption ou à la reproduction assistée en raison de leur contexte de handicap. Par ailleurs, le virage numérique dans l’octroi de services ou la prise de rendez-vous crée une fracture d’accès pour les femmes aînées, celles avec un faible niveau de littératie ou encore celles habitant des territoires où la connexion internet est insuffisante.

Enfin, nous observons au sein du réseau une violence institutionnelle envers son personnel composé d’une majorité de femmes, et dans certaines régions de travailleuses sans-papiers, réfugiées, immigrantes et racisées, aux prises avec des conditions de travail intenables. Le sous-financement historique des services publics a engendré un réseau dont le fonctionnement repose sur la surcharge, la sous-rémunération, la non-reconnaissance voire l’exploitation de leur travail. Ces femmes en paient le prix par leur santé et leur appauvrissement.

Des gains historiques compromis

Ces enjeux vécus par les femmes se tournant vers le système de santé et par celles qui y travaillent s’inscrivent dans un continuum de violences genrées. Les gains pour le droit à la santé et pour l’égalité des femmes qui ont découlé de la mise en place du réseau public de la santé et des services sociaux sont sérieusement compromis.

Il y a un an, à la sortie du Plan d’action en santé et bien-être des femmes, le gouvernement Legault déclarait que leur santé est au cœur de ses préoccupations. Aujourd’hui, nous lui demandons s’il reconnaît les obstacles évoqués et s’il est prêt à agir dès maintenant de manière structurante pour les éliminer. Il est essentiel que le Québec ait des services sociaux et de santé véritablement accessibles aux femmes qui en sont le plus éloignées. Le droit à la santé est en jeu.

 

– 30 –

Consultez la lettre ouverte dans La Presse ou téléchargez là en cliquant ici.