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Lettre ouverte pour la Journée mondiale pour la santé des femmes et la santé menstruelle

Madame la Ministre responsable de la Condition féminine,

Nous vous demandons de faire de la lutte contre la précarité menstruelle une priorité, car il est inacceptable que quiconque au Québec puisse manquer de produits menstruels.

Favorisant l’égalité, la dignité et la santé des femmes et de toutes les personnes menstruées, l’équité menstruelle doit être considérée comme un droit et bénéficier en priorité aux populations les plus vulnérables, par exemple les membres de la communauté étudiante, les responsables de famille monoparentale, les personnes autochtones, immigrées ou incarcérées, les personnes avec un handicap ou en situation d’itinérance, ou encore celles vivant en régions rurales et éloignées.

De la puberté à la ménopause, soit pendant 38 ans environ, les femmes cisgenres et d’autres personnes menstruées, telles que certains hommes trans, personnes non binaires ou intersexes, ne peuvent se soustraire à la gestion du flux menstruel et y consacrent, en moyenne, 6000 $. Une somme conséquente qu’une personne sur trois au Canada peine à assumer et que les personnes non menstruées peuvent utiliser pour l’achat d’autres produits répondant aux besoins essentiels ou investir dans leur éducation ou leurs loisirs.

L’augmentation du coût de la vie accentue la précarité menstruelle. Les personnes menstruées – et surtout les femmes étant à la croisée des oppressions, plus nombreuses à être en situation de pauvreté – doivent faire des choix entre des dépenses élémentaires.

Pourtant, imaginez que tous nos enfants, petits-enfants, mères, sœurs et ami·es soient libéré·es de cette charge financière et puissent vivre un cycle menstruel dépourvu d’inquiétude, de stigmatisation, de honte et d’exclusion.

Projetez-vous vers un avenir où les apprenant·es auraient accès gratuitement, sur leurs lieux d’enseignement, à des produits menstruels exempts de substances nocives, à un accompagnement bienveillant vers la connaissance et l’autonomisation de leur rapport à leur corps et leur santé, et, surtout, n’auraient jamais à sacrifier leur éducation ou leurs activités par manque de produits menstruels et de soutien.

Imaginez encore que ces produits soient disponibles gratuitement sur tous les lieux de travail. Fini le papier de toilette enroulé dans la culotte, ou le tampon que l’on porte bien plus longtemps que recommandé, faute d’un autre à portée de main ou de bourse. Fini la charge mentale de la logistique autour de l’arrivée inopinée des menstruations. Après tout, il ne viendrait à l’idée de personne de se balader avec son propre rouleau de papier de toilette, n’est-ce pas?

Imaginez enfin que l’on trouve ces produits sans avoir à les demander dans les lieux de passage fréquentés par les personnes en situation d’itinérance, dans les édifices publics tels que les hôpitaux, prisons, bibliothèques, centres de loisirs, centres communautaires, piscines, etc., ou encore que leur accès soit facilité pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer.

Ces dispositifs existent déjà dans de nombreux pays et provinces canadiennes, mais c’est l’Écosse qui est devenue la première, et, à ce jour, l’unique nation à légiférer pour rendre l’accès aux produits menstruels universel. Imaginez le Québec s’en inspirer et faire à son tour figure de modèle pour tous les pays francophones!

Les initiatives existantes nous prouvent que ces politiques tiennent leurs promesses : les personnes qui en ont les moyens continuent d’acheter leurs produits menstruels, tout comme elles continuent d’acheter du papier de toilette, l’aide servant avant tout aux personnes vulnérables.

Madame la Ministre, pour la Journée internationale de la santé menstruelle, nous vous appelons à mettre les menstruations au cœur du débat public. Les normaliser et créer un environnement favorable à leur vécu est une condition fondamentale à la réussite de ce changement systémique majeur et nécessaire au sein de la société québécoise : la fin de la précarité menstruelle.

Virginie Mikaelian, Fédération des femmes du Québec
Claire Murati, Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale
Marie-Andrée Gauthier, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Lydya Assayag, Réseau québécois d’action pour la santé des femmes

Et 210 organisations féministes, communautaires, étudiantes, syndicales et entreprises signataires

 

Pour télécharger la lettre ouverte, cliquez ICI.

Communiqué : dévoilement de trois bandes dessinées pour le droit des femmes à la santé

Communiqué de presse

Pour diffusion immédiate

Les barrières d’accès en santé en images et en mots

 

Saint-Lambert, le 24 mai 2022 – À quelques jours du 28 mai, Journée internationale d’action pour la santé des femmes, le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec  (RTRGFQ) annonce le dévoilement de trois bandes dessinées réalisées dans le cadre de sa campagne d’alerte sur les entraves au droit des femmes à la santé. Elles seront dévoilées les 25, 26 et 27 mai sur le réseau social Facebook et mettront la lumière sur les barrières d’accès aux services sociaux et de santé qui minent le droit à la santé au Québec.

Dans une posture d’éducation populaire, le RTRGFQ a collaboré avec l’illustratrice Naj Hadi afin de mettre en images et en mots les parcours de Chandra, de Joséphine et de Judith, trois personnages aux horizons différents. Leurs chemins remplis d’embûches pour accéder à des soins de qualité font écho aux expériences similaires des femmes dans les dix-sept régions du Québec.

Les obstacles observés par les Tables régionales de groupes de femmes sont nombreux : services centralisés dans les centres urbains; services privatisés et tarifés aux femmes en situation de vulnérabilité; services inadaptés aux réalités diverses et multiples des femmes; longs délais d’attente et services réduits, interrompus ou manquants en raison d’une insuffisance de ressources humaines et financières; attitudes teintées de préjugés envers les femmes et particulièrement envers celles vivant à la croisée des oppressions.

« Ces multiples défis d’accessibilité du système public de santé touchent tous les pans de la population québécoise. Toutefois, les barrières affectent plus durement les femmes puisqu’elles sont à la fois les principales utilisatrices du réseau en plus d’être souvent celles qui prennent soin et font le lien entre leur famille et les services sociaux et de santé », explique Karine Drolet, secrétaire-trésorière du RTRGFQ.

Par ailleurs, pour plusieurs d’entre elles, notamment les femmes autochtones, racisées, immigrantes, aînées, lesbiennes, de la diversité sexuelle, vivant en zone rurale, avec un handicap ou dans la pauvreté, les obstacles se croisent et se cumulent. Cela entraîne des conséquences importantes sur leur santé physique et mentale de même que dans toutes les sphères de leur vie, qu’on pense au travail, aux études, à la famille, à l’implication citoyenne ou aux loisirs.

Le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec est préoccupé par l’avenir du réseau de la santé actuellement fissuré de toute part. La culture axée sur la performance, la surcharge des travailleuses du système de la santé et des services sociaux, le manque de volonté politique en ce qui a trait à la sécurisation culturelle des personnes autochtones, la détermination à restreindre l’offre de services sociaux et de santé aux personnes qui ne maîtrisent pas le français, de même que le délestage vers le privé et le milieu communautaire doivent cesser.

Nous demandons un réinvestissement massif dans le réseau public de la santé et des services sociaux et une réorganisation majeure. Des changements visant la qualité, la fluidité et la complémentarité des services offerts sont nécessaires pour favoriser le rétablissement des personnes et pour assurer le maintien et l’amélioration de ce système en fonction des principes de gestion publique, de gratuité, d’intégralité, d’universalité et d’accessibilité tels qu’énoncés dans la Loi canadienne sur la santé.

Audrey Gosselin Pellerin, organisatrice féministe politique au RTRGFQ, est sans équivoque : « Tout comme les personnages de Chandra, de Joséphine et de Judith, les Tables régionales de groupes de femmes sont réunies par leur soif de justice sociale et leur volonté de défendre le droit à la santé au Québec. Il importe que toutes les femmes aient rapidement un réel accès à des services sociaux et de santé publics, gratuits, universels et de qualité sur l’ensemble du territoire! »

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Pour information et demandes d’entrevues

Audrey Gosselin Pellerin, Organisatrice féministe politique

Cell. : 581.989.5913 audrey.gp@reseautablesfemmes.qc.ca

 

Pour consulter ou télécharger le communiqué : format PDF ou format Word.

Découvrez les bandes dessinées dévoilées ici :

Le 25 mai 2022 – Chandra

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Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

Le 26 mai 2022 – Joséphine

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Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

Le 27 mai 2022 – Judith

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Les vignettes pour les réseaux sociaux :

 

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